Contexte

Il y a de cela près de sept-cent ans, d’infâmes créatures putrides envahirent la terre, sans raisons apparentes.  L’humanité était menacée, au bord du précipice. Jusqu’à ce que ce miracle arrive. Les Dieux les avaient entendus. Des voix se firent entendre par certaines personnes, de manière semble-t-il aléatoire. Comme des aimants, ils étaient attirés vers des cachettes où se trouvaient des artefacts aux allures magiques. Des armes qui leur racontèrent l’histoire du monde, une histoire que nul ne connaissait jusque-là et qu'il leur faudrait transmettre aux Hommes. Cette histoire sur leur monde, ses origines, mais aussi sur leurs Dieux, leur bataille. Ces artefacts, débris des armes divines les avaient choisis. Eux. Ainsi, porteur et arme étaient à présent deux âmes liées l'une à l'autre pour l’éternité.

Mais tout cela était trop beau, si seulement tout était resté à cet état mystique.. Les nouveaux porteurs d’armes étaient pour tous de vrais héros, portés par la voix des dieux. Leurs capacités semblaient presque illimitées, divines. On leur construisit même une ville splendide, faisant face à Esta,  la capitale, au bord du fleuve Ieron. On la fit grandiose, richement parée presque à l'image des cités sacrées dédiés aux dieux comme s'ils étaient leurs égaux, leurs représentants sur Aro. On les nomma Thae'le.

Ainsi, chacun d'eux prirent leur nouveau rôle très à cœur et allèrent combattre les créatures de Lyzandar et même si nombre d'entre eux n'étaient nullement taillés pour la bataille, ils se révélèrent pourtant être de farouches combattants. Certes, certains mourraient bravement au combat, mais la plupart s’en sortaient très bien. Il se révéla très vite que les armes, en plus d’avoir des formes et des pouvoirs aléatoires, semblaient avoir deux natures bien distinctes. Les armes venues de Lyzandar n’étaient que force brute, forgées pour tuer. Les armes d’Erealya se transformaient à leur guise en compagnon animalier se battant pour eux, même si leurs porteurs se montraient bien moins résistants que leurs homologues. Ces créatures, ces familiers, étaient à l'image de la déesse de la lumière. Ils étaient beaux, ils étaient fort, mais ils n'étaient points invulnérables.

Cela aurait dû continuer ainsi.

La   plupart des monstres reculaient petit à petit, au point  que nous pensions certaines races totalement éradiquées. Les porteurs voyageaient partout en Aerden, protégeant villes et villages contre les créatures qui les menaçaient. Ils étaient respectés de tous, adulés par certains au point que l'on en vienne à leur vouer un véritable culte. Le temps passa ainsi, lentement et l'on se rendit compte que les Thae'les ne vieillissaient pas contrairement aux E’jas. Ceux-là vieillissaient certes plus lentement que la normale, mais finissaient toujours par mourir laissant leurs familiers sombrer dans la solitude et la folie au point même de se transformer en monstre à leur tour.

Les Hommes en vinrent donc à redouter les détenteurs d'armes d'Erealya pour cette instabilité déroutante, mais ils n'avaient pas encore réalisé que le plus redoutable tenait des Thae'les eux-mêmes.

Il faudrait attendre cent-cinquante années pour en voir les premiers signes. Des attaques étranges et violentes furent recensées un peu partout en Aerden. L'on accusa d’abord les monstres, évidemment. Mais plus le temps passait, plus les attaques devenaient étranges et de plus en plus violentes. La peur s'insinua peu à peu dans le cœur de la population qui se terra derrière d'épaisses murailles.

Ils ne virent donc pas  immédiatement que ces demi-dieux se mettaient à muter de manière étrange. Nul ne pouvait deviner que les êtres qu'ils vénéraient depuis près de deux siècles se transformaient en monstres à leur tour, quand la folie s'emparait de leurs âmes.

Un humain n’est pas fait pour n’avoir ne serait-ce qu’un éclat d’arme divine entre les mains. Deux âmes pour un corps, c'est beaucoup trop à supporter. L'équilibre était rompu…  Et les Thae'les poursuivaient leurs attaques, leurs massacres sans trouver d'adversaires susceptibles de les arrêter.

Le peuple aerdéen se mobilisa pour trouver une solution afin de parer à ces attaques. Débuta alors la plus grande campagne de recrutement de notre histoire. Parmi les hommes et les femmes d'Aerden, l'on choisit les plus valeureux, les plus forts. On les forma pour devenir les nouveaux gardiens d'Aro et de l'humanité. On leur donna des armes, bien humaines, faites d'acier sans aucun souffle divin… Et puis, après …. ans de traque et de batailles sanglantes, ces gardiens réussirent enfin à repousser les Thae'les jusqu'à la frontière.

Les porteurs maudits disparurent sans que l'on sache où ils s'étaient rendus. Mais la paix était revenue en Aerden. Les gardiens se chargeaient de combattre les monstres restants, ceux-ci n'apparaissant que rarement à présent… Jusqu'à ce que nous parvienne une horrible nouvelle. Les Thae'les n'avaient nullement quitté le royaume, mais s'étaient emparés de la vieille cité des Aarnes, perdue dans les montagnes de Docrah sur lesquelles ils régnaient en maîtres, sans pour autant s'en éloigner.

Nos anciens décidèrent donc d'interdire l'accès aux montagnes aux aerdéens, préservant ainsi la paix du royaume durant des siècles.

Hélas  voilà un an maintenant que tout a basculé. Les Thae'les, portés par leur folie sanguinaire sont descendus des montagnes pour s'emparer d'Aendel, la cité sacrée du Dieu suprême. Des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont péri dans d’atroces souffrances sous les coups de ces monstres issus du chaos.

Pourquoi ce massacre après tant d'années de paix et d'harmonie ? Les anciens pensent que Lyzandar leur serait apparu, à eux, ses enfants maudits, pour leur ordonner d'éradiquer définitivement les humains.

Mais est-ce que cet événement signifierait aussi l'éveil d'Erealya ? Nous n'en savons rien, mais cela fait maintenant six mois que de nouvelles armes  sont apparues, sept-cent-vingt-huit ans après les premières. Des animaux mystiques se baladeraient en Aerden, cherchant de nouveaux maîtres tandis qu’un troisième type d’armes semble avoir vu le jour. Des artefacts aux propriétés magiques, cette fois. Nous supposons qu’Aen, que l’harmonie même ait décidé de se mêler au combat et ait décemment donné son épée aux hommes pour se défendre face à ce fléau.  Après tout, une ville entière à sa gloire a été brûlée, détruite...

Mais hélas, personne ne sait si ces armes rendront fous leurs porteurs ? Et ces nouveaux porteurs qui sont-ils, nos sauveurs, ou nos exécuteurs ?